La stratégie du poulpe

La stratégie du Poulpe
La stratégie du Poulpe

Non! Je dis non à Marine Le Pen.

Non, voter Emmanuel Macron n’équivaut pas à voter pour Marine Le Pen.

Non, voter blanc ou s’abstenir n’est pas sans conséquences.

Voter blanc, c’est dire que l’alternative à Madame Le Pen ne vaut pas mieux qu’elle. S’abstenir, c’est être aveugle à une terrible menace: la montée de l’intolérance et des raisonnements simplistes. C’est folie et je dis non à cela. Le vote blanc ou l’abstention profitent à Marine parce qu’ils la légitiment, en amoindrissant le rejet de son idéologie. Son côté « peuple » est l’écran d’encre du poulpe qui veut masquer sa position : le front national est un parti héritier du régime de Vichy. Faire revenir la morale dans l’éducation, la femme au foyer, et la grandeur de la nation, c’est beaucoup plus proche du slogan «travail, famille, patrie», que «liberté-égalité-fraternité».

Non, Marine le Pen ne représente pas la France des opprimés, des sans noms, des sans travail, des sans ressources. Non Marine Le Pen ne représente pas la solidarité, les droits de l’homme et de la femme, la dignité de vivre et de de s’exprimer quelles que soient ses opinions politiques, le droit d’œuvrer librement au développement économique, social et culturel de la France, quelles que soient ses origines.

Non, Marine Le Pen n’est pas une protection contre le communautarisme, elle ne veut que créer un repli communautaire sur une vision restrictive d’une France blanche, hétérosexuelle, et catholique. Cette France, que la fille « petite bourgeoise » de Jean-Marie veut préserver à tous prix, en lui assénant des chiffres alternatifs sur des vagues d’immigrants menaçants qui viendraient jusque dans les campagnes, égorger fils et compagnes.

Marine Le Pen est l’incarnation de la peur du changement. Face à des temps amers de réchauffement climatique, d’inégalités grandissantes et de crises économiques chroniques, elle veut construire des murs de prison. Propose-t-elle des repères viables dans la construction d’un monde nouveau, plus ouvert, plus tolérant, plus solidaire ? Non, elle prône le retour vers des valeurs dont la France de Vichy s’enorgueillissait. Il serait dommage de passer sous silence dans cette campagne ses projets pour l’éducation. Des projets élitistes, réactionnaires et rétrogrades. On a envie de dire à ses électeurs ouvriers : lisez-les ! Elle ne supprimera pas les inégalités sociales mais elle saura mettre en avant les punitions, la discipline et la norme face à des savoirs malvenus, comme ceux qui pourraient conduire à casser les silos de pensées. Pourquoi enseigner la philosophie à ceux qui veulent aller vers la technologie ? Pour enfoncer un clou, à quoi sert de réfléchir, c’est comme pour tirer avec un fusil …. Nul besoin de connaissances ni de pédagogie pour enseigner, on s’en passera. Quant aux sciences, elles sont aujourd’hui surestimées. Parler français et adhérer aux valeurs nationalistes, c’est bien suffisant.

Un maréchal ...
Un maréchal …

Pourquoi chercher à parler une langue étrangère trop tôt? Tout le monde sait bien que ni l’anglais, ni l’allemand, ni l’espagnol, ni le chinois, ne sont utiles pour apprendre, voyager ou trouver un emploi. Nos beaux enfants Français n’ont pas besoin de partir travailler à l’étranger ou travailler avec des étrangers. On est tellement mieux dans l’entre soi et dans une France où il y a déjà le plein emploi… Il ne faut pas donner aux jeunes générations, par un métissage malvenu, une vision fausse du monde et des contours de la France historique, dont la carte et les habitants n’ont pas changé depuis deux mille ans… Comme nous le saurons bientôt tous grâce à la révision efficace de nos programmes d’histoire. En passant, on peut imaginer qu’ils éviteront de s’appesantir sur les détails inutiles. On attend des suggestions pertinentes sur ce point de Mr jean François Jalkh, éminent membre du parti, pour suggérer, par exemple, de passer sous silence les usages du zyklon B.

J’imagine aussi que la fête des mères, inventée par Pétain, reprendra ses droits de fête nationale et qu’on cessera d’autoriser tous ces « avortements de confort » dont une femme aussi libre que Marine ne peut se faire l’avocate. On est évidemment une fervente féministe, chère Marine, je n’en doute pas, quand on dit que « la parité est contraire à la méritocratie républicaine » et qu’on appartient à un parti dont un eurodéputé, Dominique Martin, insiste sur la « liberté des femmes à rester chez elles », parce que, cette mesure aurait « l’avantage de libérer des emplois », mais aussi « de sécuriser nos rues parce que [les enfants] ne traîneraient pas dans nos rues et ne seraient pas soumis à la drogue ». La France du plein emploi et de la réussite scolaire, c’est une France où les femmes ne travaillent pas ?

A ce stade, l’avenir a des allures de corbillard.

Le propre du futur est d’être incertain. La marche de monsieur Macron est peut-être incertaine. Mais je préfère cette incertitude à l’avenir cloîtré et confis de certitudes de Madame Marine Le Pen, aveugle à toute autre vision du monde que celles d’un âge de ténèbres et d’ignorance. Voter Macron aujourd’hui n’est pas un blanc-seing politique. Parce que je pense qu’on pourra toujours surveiller et s’opposer démocratiquement aux excès d’aveuglément de son libéralisme enthousiaste. Par contre, je ne pense pas qu’on puisse jamais débattre sereinement avec Madame Le Pen. Car je ne crois pas que se prononcer en faveur de l’absolutisme à la «richelieu » et en faveur de la régression des droits des femmes et plus largement, des droits fondamentaux des êtres humains, soient des choses sur lesquelles bâtir une démocratie et un avenir commun.

Mélanchon …

Quant à ceux qui prétendent à une stature politique et à représenter l’humain d’abord, je dis que leur silence aujourd’hui, à cet instant précis, est indigne. On peut exprimer son opinion sans préjuger de celles des autres, mais on doit le faire, quand la menace Le Pen revient. Parce que le FN n’est en rien un parti « normal » et sans risque de dérapages sérieux. Monsieur Mélanchon, vous n’avez jamais hésité à donner de votre voix contre les « Le Pen » depuis des années. Qu’est-ce qui vous a retenu aujourd’hui ? Des « pudeurs de gazelle » ? Laissez choisir vos militants, soit, mais votre choix pour la France, quel est-il après tout ce temps ? Après moi le déluge ? Ils ne m’ont pas voulu, qu’ils se débrouillent ?

Non, monsieur Mélanchon, on ne peut ni ne doit renvoyer Macron et Le Pen dos à dos, c’est irresponsable de « les mettre dans le même sac ». Et c’est ce que vous faites en restant silencieux.

A ceux qui veulent s’abstenir, voter blanc ou voter Le Pen pour tout casser, sans même avoir pris le temps de regarder à deux fois le programme du FN et ses idées, je dis qu’il n’est pas judicieux de tenir une grenade dégoupillée en main et de compter les minutes.

A ceux qui disent que c’est « pour voir un changement », c’est tout vu. Qu’ils aillent regarder en Pologne, en Hongrie, en Turquie ou aux Etats-Unis!

C’est ce que vous voulez pour la France ? En ce qui me concerne, définitivement, NON !

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