Mon enfant, ma sœur, Songe à la douleur
De ne plus pouvoir vivre ensemble !
Nous n’avons pas réussi à être civilisés
Ainsi disent-ils mais j’ai du mal à croire
Que de tous temps toutes les civilisations
N’aient pas réussi à réécrire l’histoire
À travers leurs dogmes et leurs canons
Je suis blanche dehors mais dedans
Mes pensées sont des arcs en ciel
Et quant à la couleur de mon sang
Elle est à toutes les autres pareille
Écarlate pourpre coquelicot s’étale
Cette tâche sur les écrans les papiers
Des fleurs au fusil ce sont les pétales
De cette plante carnivore l’humanité
Mon amie, ma sœur, Songe à la douleur,
De ne plus pouvoir vivre ensemble !
Ici au chaos on répond sécurité
Un luxe avoir le droit au doute
Rêver le calme, une folie douce
Et désirer seulement la liberté
C’est déjà faire un pas de côté
Ils sont si nombreux à vouloir tuer
Pour un mot un sou un dieu une erreur
Un revers une frustration un souci
Une origine une opinion une couleur
Un vide un rien une rage un dépit
A vouloir regarder l’abime
L’abime avide nous avale
Il crache son vide et s’étale
Dans le néant qui décime
Ne me parlez pas du Mal
Je suis seule juge de mes peines
Toute idéologie est létale
Je ne crois que carpe diem
Mon amour, mon cœur, Songe à la douleur, De ne plus pouvoir vivre ensemble !
Le souffle ne se laisse pas venir
Avec des semailles de sang
L’âme ne se laisse pas cueillir
Avec des versets, des slogans
Certains tuent pour être reconnus
Porter la mort n’est pas une vertu
Ceux-là je ne les nommerai pas
Le silence les effacera
Voici venir le temps où chacun déploie ses habits neufs d’assassin
Ils jurent qu’ils iront jusqu’au bout
Mais dites-moi jusqu’au bout c’est où?
Quand on est au fond de l’abîme
Qui saura discerner les cimes ?
Nul besoin de danser pour le prix d’une tête
L’ange blessé a laissé seule la bête
Dieu comme Diable peinent à choisir leur camp
Quand ils sont si nombreux à verser trop de sang
Quand ils sont si nombreux à vouloir tout ce sang
Mon amie, ma sœur,
Songe à la douleur, De ne plus pouvoir vivre ensemble !
Aspirant tous à vivre libre
L’indifférence nous enferme
Voyageurs sur un bateau ivre
Nous en paierons le prix à terme
Jusqu’au bout de l’abîme
Tous unis dans le crime
Le monstre se montre à toi
Bien trop semblable à moi
Laissons donc aux fous
L’aller jusqu’au bout
J’irai jusqu’à toi
Si tu veux de moi
Ne demande pas
Le choix de la croix
Seule une main tendue
Une main ouverte
Nous libérera
De l’abime vu
Et ses alertes
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur
De pouvoir ici-bas vivre ensemble !