Nombreux me furent les présages
Qui me disaient mon heure  brève
Etais-je folle ou bien très sage
Je leur préférais l’or des rêves

Une heure ou guère plus sur scène
Ne fera pas porter couronne
L’acteur vaniteux se démène
sans finir assis sur un trône

Ravie d’un poème dit de verlaine
Je portais les masques paysagers
Dans les jardins embaumant la verveine
Tout n’était las qu’un songe passager

Ignorant l’ombre qui marche près d’elles
Passent pressées passantes adorées
Ainsi déjà en fantômes d’ombrelles
Leur forme s’apprête à s’évaporer

Spectateurs à l’abri de leurs loges
Ne font jamais l’aumone d’éloges
Pour une histoire qui ne s’engage
à donner livre de vie en gage

Ma vie ne voulais pas prêter
Préférant jouer naturelle
Et paraître gauche, empruntée
dans mes envols de tourterelle

Le temps s’en va sans se soucier
Quand sonnera l’heure au clocher
Le temps s’en va que vous jouiez
bien ou mal est égal au cocher

Aux grelots des sots regrets je grelotte
souriant faux aux parques  embusquées
sans savoir que dévidée ma pelote
cessera bientôt de les offusquer

Pourtant le monde tourne où il nous mène,
d’une vie à l’autre les faces changent.
Qu’hier à aujourd’hui tous nous emmène,
je m’efface et ainsi passe l’échange.